Avis d’initié : Ghana – Potentiel de croissance et stabilité politique

Avis d’initié : Ghana – Potentiel de croissance et stabilité politique

Joël Dido, directeur régional d’EDC pour l’Afrique, nous offre son point de vue sur le Ghana, un marché qu’EDC a désigné comme l’un de ses cinq pays prioritaires sur ce continent, et qui est réputé pour offrir des débouchés précis aux entreprises canadiennes. En 2014, le Ghana était le quatrième marché d’exportation de marchandises du Canada en Afrique subsaharienne, après le Botswana, le Nigéria et l’Afrique du Sud. De plus, entre 2000 et 2014, le commerce bilatéral a augmenté de 145,6 %. En 2014, les exportations canadiennes vers le Ghana ont dépassé 157,3 millions de dollars – les principales : céréales, véhicules et pièces, machinerie et textiles.

Quelle est votre expérience de travail dans la région?

À EDC, j’occupe le poste de directeur régional du Groupe du développement des affaires – Marchés internationaux pour l’Afrique depuis avril 2014. J’ai beaucoup d’expérience dans le domaine bancaire; j’ai été banquier en Afrique pendant neuf ans. Je vivais alors en Côte d’Ivoire, pays voisin du Ghana. J’ai appris à bien connaître ces pays ouest-africains, car ils entretiennent des liens solides et font partie de la même union économique. Je travaillais auprès de nombreux clients de cette région, et j’ai aussi de la famille au Ghana.

Le Canada est-il bien présent dans ce pays?

En juin 2014, à partir de notre bureau du Ghana, nous avions travaillé avec 58 entreprises canadiennes. Ce sont surtout des sociétés minières, qui comptent pour 2 à 3 milliards de dollars d’actifs là-bas. Ces 58 entreprises sont toutes établies dans le pays, celles qui y font des affaires par l’entremise d’agents ou de courtiers sont exclues; au total, environ 100 entreprises canadiennes commercent au Ghana.

Quels secteurs présentent des débouchés pour les entreprises canadiennes?

Celui de l’exploitation minière est important – le Ghana étant le deuxième producteur d’or en Afrique –, tout comme les branches d’activité connexes : équipement minier et services, ingénierie, infrastructure, planification, experts-conseils, transport et gestion de projets. Ce pays, comme toute l’Afrique, a aussi des besoins énergétiques énormes, de la production au transport, en passant par la distribution. Pensons à l’hydroélectricité, à l’énergie solaire, à la biomasse et aux autres sources d’énergie. Les secteurs des TIC et celui des infrastructures (routes, construction et ports) ont également du potentiel.

Quels facteurs socioéconomiques créent ces débouchés?

Traditionnellement, le Ghana est un pays d’exploitation minière et d’agriculture. À la fin des années 1990, on y a découvert des gisements de pétrole et de gaz naturel, ce qui a multiplié les débouchés économiques. La stabilité politique est un autre facteur positif : le Ghana a traversé quatre élections sans perturbation majeure.

Quels défis attendent les entreprises canadiennes là-bas?

La corruption sévit partout en Afrique; c’est un problème au Ghana, mais moins qu’au Nigéria, par exemple. Par ailleurs, l’alimentation en énergie électrique est problématique. Les entreprises canadiennes y affrontent aussi une féroce concurrence d’autres pays, notamment du Royaume-Uni, de la Chine et de la France.

De quelles pratiques culturelles doivent-elles tenir compte?

Les Ghanéens sont généralement habitués à la présence d’entreprises étrangères chez eux, leur façon de faire des affaires ne diffère donc pas tellement de la nôtre. Notons qu’ils tendent à être plus formels et que leur perception du temps est différente. Les gens consacrent plus de temps aux dîners d’affaires ou aux discussions, par exemple; c’est un « milieu axé sur la fluidité et la souplesse ». Les valeurs traditionnelles, telles que la famille, le respect des aînés et de la religion (chrétienne ou musulmane), sont également importantes.

Quels sont vos meilleurs conseils pour les entreprises canadiennes?

Au Ghana, les relations personnelles priment, et les affaires suivent. À votre première visite, prenez le temps de nouer des liens, apprenez à connaître les gens. N’essayez pas de précipiter les choses pour passer directement aux discussions d’affaires. Sachez aussi qu’on accorde beaucoup d’importance à la hiérarchie dans ce pays, il est donc normal de juger les autres selon leur apparence d’abord, puis leur âge, car ils révèlent l’expérience d’une personne. Ainsi, si vous envoyez un employé subalterne, votre entreprise ne sera pas prise au sérieux.

Avez-vous d’autres conseils?

Il n’est pas réaliste de vouloir établir une présence au Ghana sans quitter le Canada; pour réussir, il est indispensable d’être sur place, d’apprendre à connaître les gens et de comprendre l’environnement commercial.

Voir aussi : Ghana

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