Avis d’initié : Nigéria – Un marché qui mérite tous les superlatifs

Avis d’initié : Nigéria – Un marché qui mérite tous les superlatifs

Avant de venir au Canada et de rallier les rangs d’EDC, Joël Dido a été banquier pendant neuf ans en Côte d’Ivoire, où il a servi des clients de nombreux pays d’Afrique subsaharienne et s’est frotté aux multiples nationalités qui affluent vers cette plaque tournante migratoire. Selon lui, les Nigérians sont fiers d’être citoyens d’un pays considéré comme la superpuissance de l’Afrique occidentale. Un pays dont l’économie vigoureuse, en croissance rapide, se traduit par une abondance d’occasions d’affaires – se multipliant sans cesse – qui intéressent beaucoup d’entreprises locales et étrangères. Cependant, celles du Canada ont un atout dans leur jeu : leur réputation.

Comment décririez-vous votre expérience sur ce marché?

Je suis directeur régional – Afrique dans le Groupe du développement des affaires – Marchés internationaux à EDC depuis avril 2014. Auparavant, j’étais dans le secteur bancaire, au Canada, mais aussi en Côte d’Ivoire, où j’ai travaillé pendant neuf ans. Comme la Côte d’Ivoire est située près du Nigéria – dans une région où les pays avoisinants, membres de la même communauté économique, entretiennent de solides relations sur ce plan –, je connais bien ce marché.

Le Canada est-il bien établi au Nigéria?

La présence canadienne en sol nigérian s’est considérablement accrue – passant de 23 entreprises canadiennes en 2012 à 93 en 2015 –, un phénomène principalement attribuable au Service des délégués commerciaux. Les entreprises canadiennes y sont actives dans plusieurs secteurs, comme le pétrole et le gaz naturel, les TIC, les services, l’électricité et l’agriculture. Certaines y expédient même des tomates en conserve! Et vu que le marché nigérian est immense, les grandes multinationales de la vente au détail, comme Nestlé ou Procter & Gamble, y ont des installations de production.

Quels secteurs offrent les débouchés les plus intéressants?

Au Nigéria, le principal secteur, c’est le pétrole et le gaz naturel, mais le gouvernement, qui s’emploie à diversifier l’économie, a généré des occasions dans plusieurs autres secteurs. Pour alimenter sa croissance, le pays a besoin d’électricité. Les activités connexes, comme les sources d’énergie renouvelable, présentent donc un potentiel intéressant. Par exemple, il y a eu beaucoup de transactions concernant l’énergie solaire dans la première moitié de l’année 2015.

Et côté concurrence?

Le Nigéria possède une économie imposante, affichant une croissance rapide, qui peut offrir des rendements considérables, ainsi qu’un potentiel de croissance phénoménal pour les entreprises. Il n’est donc pas étonnant que la concurrence y soit féroce pour les entreprises locales et étrangères. En plus de la Chine, du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France, certains pays émergents, comme l’Inde, la Turquie et le Brésil, veulent aussi s’y tailler une place : il faut donc être extrêmement concurrentiel pour y prospérer. L’avantage des entreprises canadiennes, c’est qu’elles ont bonne réputation : étant venues pour transmettre leurs connaissances, on ne pense pas qu’elles sont là seulement pour les affaires, comme les entreprises chinoises. On leur réserve donc généralement un bon accueil, même que beaucoup d’entreprises locales recherchent les partenaires et les technologies du Canada.

Quels facteurs socioéconomiques créent ces débouchés?

Comptant près de 180 millions de personnes, le Nigéria est le plus grand marché d’Afrique. Et selon l’ONU, d’ici 2050, sa population atteindra 440 millions de personnes, dépassant alors celle des États-Unis. Sans compter qu’actuellement 51 % des Nigérians vivent en milieux urbains, où la classe moyenne, qui prend rapidement de l’ampleur, dispose d’un revenu grandissant.

Quels défis attendent les entreprises là-bas?

Le pays, très axé sur les affaires, présente tout de même des défis pour les entreprises. Par exemple, le cadre juridique pouvant changer du jour au lendemain, il faut demander conseil.

Ensuite, comme le réseau énergétique n’est pas fiable, les entreprises doivent avoir un plan B – habituellement des génératrices.

Il y a aussi la fraude. Mon conseil : choisissez scrupuleusement vos partenaires, et prenez le temps d’apprendre à les connaître et de vérifier leur réputation. Cela dit, le pays vient d’élire un nouveau président et un nouveau gouvernement, lesquels ont promis de s’attaquer au problème de la corruption.

Y a-t-il autre chose à savoir?

La monnaie du pays connaît des fluctuations. Si vous voulez décrocher un contrat au Nigéria, votre soumission doit être en monnaie locale, et vous risquez d’y perdre au change. Vous devez par conséquent consulter votre banque ou votre partenaire financier pour limiter ce risque.

Un dernier conseil?

Pour nouer des relations d’affaires, la clé reste les relations personnelles. C’est pourquoi il est très important d’envoyer des représentants sur le terrain. Ajoutons que les Nigérians ne sont pas très protocolaires en affaires – ils aiment bien s’amuser et savent faire preuve d’humour.

Comme partout en Afrique, l’apparence est reine, et une tenue professionnelle est de mise. Sachez aussi que votre âge et votre expérience pèseront dans la balance, et influenceront la manière dont on considérera votre offre.


Plu d’info : Visitez Info-Pays, Nigéria ou Le Conseil canadien pour l’Afrique (CCAfrique)

Voir aussi Cap sur le continent africain

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