Singapour est en marche!

Voilà un titre qui devrait retenir l’attention! Pourquoi? Dans un monde où la plupart sont persuadés que nous peinons à générer une croissance ordinaire typique de la nouvelle normalité, toute économie en marche attire forcément les regards. Et cela est d’autant plus encourageant lorsqu’il est question de Singapour – un grand pôle commercial régional dont les statistiques nous renseignent non seulement sur l’activité dans les économies avoisinantes, mais aussi à l’échelle internationale. Il y a huit mois, nous avons évoqué le nouvel élan de croissance à Singapour, qui semble être confirmé par les récentes données. Mais que nous disent les chiffres?

Examinons tout d’abord le plus récent chiffre du PIB. Contrairement à la performance tendancielle, la croissance a bondi de 12 % en taux annualisés dans le dernier trimestre de 2016. Voilà qui est assurément impressionnant. Comment expliquer ce bond? Les exportations ont affiché des gains respectables, mais l’augmentation des importations a plombé les chiffres nets du commerce. Ces importations ont gonflé les stocks. Même si cette situation est favorable au PIB aujourd’hui, elle le pénalise généralement plus tard lorsque les stocks diminuent. Si l’on tient également compte de la contribution substantielle provenant de la consommation gouvernementale, les sources réelles de la croissance ne sont pas aussi inspirantes. On aperçoit une lueur d’activité sous-jacente sur le front de l’investissement : les dépenses d’équipement, une catégorie plutôt volatile, étaient fortement en hausse au quatrième trimestre et elles ont atteint leur niveau le plus élevé depuis la fin des programmes de relance.

Cette évolution est-elle viable? Cela dépend beaucoup de l’activité économique fondamentale, et essentiellement de deux secteurs générateurs de croissance. Singapour abrite un important secteur manufacturier dont les produits sont surtout destinés à l’export. Les données de la production industrielle sont en rapide augmentation depuis le milieu de 2016, et elles ont atteint un sommet depuis 2010. Les produits électroniques sont le principal moteur de cette croissance, avec en tête le secteur des semi-conducteurs. D’autres secteurs se portent bien, notamment les produits chimiques, d’ingénierie de précision et médicaux. Dans pratiquement tous les cas, on constate un regain d’activité qui était absent du paysage depuis plusieurs années.

Comme on s’y attendait, cette activité s’exprime dans les données liées aux exportations. Les « cinq principales catégories » de produits électroniques s’orientent résolument à la hausse, les gains les plus remarquables étant réalisés dans les circuits intégrés. Les produits pétrochimiques et la machinerie électrique présentent aussi une contribution solide, et affichent une croissance soutenue. Encore une fois, le contraste entre le récent sursaut d’activité et l’épisode prolongé de performance morose est l’élément le plus réjouissant. Un autre élément est digne d’intérêt : les exportations nationales sont dynamisées par l’économie de la région – tout particulièrement par la Chine, l’Inde et Taïwan – et non pas par un raffermissement de la demande en provenance des États-Unis et de l’Union européenne.

Le second secteur générateur de croissance à Singapour est celui des réexportations. Autrement dit, une part substantielle des marchandises passe par la cité-État et poursuit sa route vers une autre destination sur la planète. Ce secteur double chaque année l’activité commerciale générale. Après avoir piqué du nez au début de l’an dernier, ce secteur a orchestré une remontée à des niveaux rivalisant avec les pics d’après la récession.

Le Canada tire habituellement son épingle du jeu sur le marché de Singapour. Les exportations de produits à forte valeur ajoutée – comme les produits aéronautiques, les moteurs, les bijoux, les produits électroniques et d’autres équipements – ont inscrit des augmentations dans les deux chiffres depuis la récession. Plus récemment, les exportations de l’ensemble des marchandises ont réalisé des gains notables, ce qui fait écho au récent sursaut de l’activité commerciale à Singapour. Par ailleurs, les Canadiens investissent beaucoup dans la cité-État. Leurs investissements s’élevaient à 3,7 milliards de dollars en 2015, et ils ont bondi de 83 % en seulement trois ans – un signe annonciateur du dynamisme à venir.

Malgré ces excellentes nouvelles, l’inquiétude grandit. Les économies comme Singapour, axées sur une intense activité commerciale, sont menacées par la montée du populisme et ses messages aux accents clairement antimondialisation. Lorsqu’on considère aussi l’énorme doute jeté sur le PTP et l’avenir du commerce d’intégration à l’échelle régionale ou mondiale, il y a vraiment matière à réflexion. Selon nous, les gains considérables que procure la mondialisation s’imposeront d’eux-mêmes, et ce moment d’hésitation sera le moment de saisir des occasions pour ceux qui persisteront.

La réussite du Canada à Singapour, ainsi que l’importance de cette économie pour le commerce asiatique aujourd’hui et demain, sont les principales raisons qui ont présidé à l’ouverture officielle du bureau d’EDC à Singapour – le premier bureau international où EDC peut traiter des transactions à l’étranger.

Conclusion?

Les données de Singapour sont révélatrices d’une accélération importante de l’activité qui tranche avec l’atonie prolongée d’après la récession. Ce n’est pas seulement une bonne nouvelle pour Singapour – qui fait office de baromètre économique –, mais aussi pour la région et le monde.

Catégories Propos de la semaine

Comments are closed.

Affichages connexes