Le financement, c’est le moteur de l’économie : sans lui, elle tourne au ralenti ou pire… tombe en panne. Mettez-le en péril, et les effets en seront visibles partout. C’est précisément ce qui se produit depuis la grande récession. Des banques parmi les plus connues du monde ont assisté à un effondrement de leurs actifs qui a menacé leur viabilité. La tâche imposante de sortir d’affaire ces banques très mondialisées revenait au pays où elles étaient établies – ce qui, dans bien des cas, représentait un fardeau trop lourd à porter seul. Il n’est donc pas étonnant, au lendemain de la récession, que le monde développé ait déployé des efforts concertés pour consolider le système financier. Ce projet progresse-t-il?
Oui, lentement mais sûrement. Le gros des efforts a ciblé la réglementation, et à ce titre les Canadiens jouent un rôle prédominant dans diverses initiatives. De façon générale, il semble que la capacité des autorités en matière de réglementation ait été insuffisante pour assurer un contrôle sur les innovations du secteur financier. Par conséquent, un énorme rattrapage s’imposait. À ce jour, il y a manifestement un intérêt moindre à exercer des activités sur des marchés lointains et une aversion accrue envers les transactions à long terme. Les organismes de réglementation semblent avoir une préférence pour les activités exercées à proximité et dans un horizon plutôt rapproché. Dans le contexte de la nouvelle réglementation, les institutions financières européennes, réputées pour leur présence mondiale et leur participation à des financements à long terme dans une foule d’industries, se trouvent à quitter cet espace, ce qui a créé une espèce de vide.
Les investisseurs institutionnels cherchent à combler ce vide. Ce groupe, formé en grande partie de grandes sociétés d’assurance et de régimes de retraite, réunit des organisations bien nanties disposant de beaucoup de capitaux. La faiblesse des rendements pour les titres à revenu fixe – attribuable à une politique monétaire ultra-accommodante – est problématique pour ces organisations et elle survient à un bien mauvais moment. En effet, les sociétés d’assurance doivent dans certains cas verser d’immenses sommes en raison de la succession inhabituelle d’aléas météo, de tremblements de terre et d’événements géopolitiques, entre autres. Les régimes de retraite, pour leur part, sont confrontés à la nécessité de prendre en charge une population vieillissante. D’ailleurs, bon nombre de ces régimes doivent composer avec d’importants passifs sous-capitalisés.
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La solution toute désignée pour régler ces deux problèmes? Un taux de rendement supérieur à long terme. Ce problème, qui se pose alors que les débouchés mondiaux sont nombreux, a stimulé l’intérêt des investisseurs institutionnels envers un plus vaste éventail d’actifs – alors même que les banques se désintéressent de certaines de ces catégories d’actifs. Or, les investisseurs institutionnels, notamment des fonds canadiens de premier plan, sont beaucoup plus actifs dans les secteurs de l’immobilier et de l’infrastructure, dans les transactions visant des fonds de capital-investissement et dans des projets d’infrastructure à l’échelle mondiale.
En tant que bassins de capitaux, les investisseurs institutionnels présentent un avantage particulier : ils font preuve de patience. Dans un monde toujours plus axé sur les résultats trimestriels, ces investisseurs peuvent adopter une perspective à long terme et tolérer des perturbations ou même des stratagèmes de placement ne générant pas tout de suite des bénéfices. À vrai dire, les bailleurs de fonds traditionnels pourraient se détourner des occasions lucratives à long terme, dont certaines offrent les meilleurs rendements disponibles sur 10 ans et 20 ans. En saisissant ces occasions, les investisseurs institutionnels peuvent éviter l’instabilité – notamment celle liée à la circulation des produits, aux devises, aux taux d’intérêt et à la valeur des actions – qui est devenue omniprésente ces dernières années, et se concentrer sur la rentabilité fondamentale d’une foule de projets sur la scène mondiale.
Voilà une bonne nouvelle pour quiconque privilégie une perspective mondiale des affaires. Les plans, même les plus parfaits, ne verront sans doute jamais le jour en l’absence de source de financement. Il est essentiel d’être au fait de cette évolution dans la direction des sources de financement étant donné que chercher du financement auprès des sources traditionnelles pourrait en décourager certains. À la limite, cette situation pourrait nuire à l’approche à long terme selon laquelle il est vital de créer et de mettre en œuvre des projets, produits et technologies de la prochaine génération. Par chance, les acteurs traditionnels semblent toujours être parties prenantes : ils participent à la structuration des transactions et à leur mise en forme afin qu’elles soient relayées à d’autres organisations ou institutions accordant du financement. Bien géré, ce processus assurera une transition harmonieuse parmi les bailleurs de fonds. Dans le cas contraire, il risque d’engendrer une situation comparable à celle de 2008.
Conclusion?
Les sources de financement ne sont pas à sec. Toutefois, elles proviennent de plus en plus d’un segment de l’industrie où le Canada compte plusieurs acteurs mondiaux de premier plan. Dans le prochain cycle, les solutions de financement joueront un rôle crucial en tant que solutions de produit. Le fait que le Canada est très actif dans cette sphère est une excellente nouvelle.