La gestion du risque de change – Mettre ses profits à l’abri des fluctuations

Le possible recul des flux de trésorerie et des profits d’une entreprise en raison des fluctuations du taux de change est appelé risque de change. Il s’agit d’un écueil pour toute entreprise exportatrice, peu importe sa taille ou son expérience sur la scène mondiale, plus particulièrement dans le difficile contexte économique actuel. Voici quelques conseils qui aideront les exportateurs à mettre leurs recettes et profits tirés de l’exportation à l’abri des fluctuations.

Position de change (USD) – Exposition totale de l’entreprise au risque de change (exemple)La valeur du huard sur les marchés de change fluctue quotidiennement, ce qui complique le calcul des prix et la prévision des flux de trésorerie pour les exportateurs… et menace de gruger recettes et profits.

Les deux tiers des exportateurs canadiens qui ont répondu au sondage d’EDC sur le risque de change souhaiteraient mieux le gérer. Pour y arriver, ils ga­gneraient à élaborer une politique de change – objectifs et lignes directrices guidant les employés qui gèrent ce risque – afin d’éviter les décisions au jugé et de pouvoir évaluer l’effet des mesures prises pour atténuer les incidences négatives des fluctuations.

Moins de 20 % des exportateurs indiquent s’être dotés d’une telle politique. Pourtant, ceux qui l’ont fait tendent à mieux gérer ce risque. « J’ai travaillé auprès de nombreuses entreprises qui traitaient le risque de change de façon ponctuelle – sans savoir exactement à quel moment elles l’encouraient ni à combien se chiffrait leur exposition et sans lignes directrices claires quant à la manière de s’en prémunir. Par conséquent, peu connaissaient le montant de leurs pertes ou gains de change », explique Normand Faubert, consultant en gestion du risque de change auprès d’entreprises.

« Beaucoup s’en remettent à leurs états financiers pour évaluer l’incidence de la volatilité des changes sur leurs bénéfices nets. Bien mauvaise idée, car la comptabilisation des gains et des pertes de change ne peut prétendre calculer tous les effets de ces fluctuations sur les bénéfices et les flux de trésorerie. Si l’élaboration d’une politique de change et d’un système de suivi de la position et des gains et pertes réels peut demander un certain temps au départ, je sais toutefois par expérience que l’entreprise en récoltera rapidement une rentabilité et une compétitivité accrues. »

Analyse des taux de change : selon un taux de référence de 1,0525 USD/CAD (ombré)

Élaborer une politique de change

Voici les quatre grands paramètres d’une politique de change de base.

Ne négliger aucun paramètre

De nombreux exportateurs se lancent aussitôt dans une stratégie de couverture, sans tenir compte des trois premiers paramètres de gestion du risque de change décrits dans les présentes. Ils utilisent donc souvent le mauvais taux de référence ou une stratégie de couverture du risque fondée sur un calcul inadéquat de leur position de change.

1. Taux de change de référence

Taux utilisé pour fixer les prix à l’exportation, habituellement le taux de change en vigueur au moment du calcul du prix de vente dans une devise étrangère. Prenons l’exemple d’un produit destiné au marché américain dont la vente doit rapporter 100 dollars canadiens. Si le taux de change en vigueur (taux de référence) est de 1,0525, le prix à l’exportation sera de 95 dollars américains l’unité (voir ci-dessus le tableau Analyse des taux de change).

Il permet de calculer précisément les gains et les pertes résultant des fluctuations de la valeur du huard.

2. Horizon de temps

Période pendant laquelle une entreprise s’engage à ne modifier ni son taux de référence, ni son prix de vente à l’exportation. L’horizon de temps équivaut, par exemple, à la période de validité d’une liste de prix fournie à un acheteur étranger. On peut calculer le risque de change « non confirmé » en multipliant les ventes à l’exportation prévues (en fonction des années précédentes) par les prix fixés à l’aide du taux de référence. Ainsi, si on prévoit vendre 150 000 unités, ce risque sera de 14,25 millions de dollars américains (95 dollars américains x 150 000 unités).

« Les exportateurs s’exposent à des risques de change dès qu’ils fixent leur taux de référence, explique M. Faubert. Nombre d’entreprises, et pas nécessairement les plus petites, ne s’inquiètent de ce risque que lorsqu’une vente est confirmée et qu’un compte client est créé au taux de change en vigueur. Pourtant, le prix des biens et services vendus a sans doute été fixé des mois plus tôt, alors que le taux de change était fort différent! »

3. Position de change

Exposition totale d’une entreprise au risque de change (voir à la page précédente le tableau Position de change), qui devrait pouvoir être mesurée quotidiennement. Elle comprend à la fois les risques non confirmés et les risques confirmés (commandes reçues, comptes clients et encaisse). Les achats et les montants à payer dans la devise en question (dollars américains dans le cas donné en exemple) doivent être déduits. Quant aux instruments de couverture du risque de change achetés auprès d’une banque ou d’un courtier, ils doivent être inclus dans la position de change puisqu’ils atténuent les risques.

4. Stratégie de couverture du risque de change

Cette stratégie suppose trois grandes étapes. D’abord, l’entreprise choisit un ratio de couverture (pourcentage de la position de change à couvrir). Un ratio de 100 % signifie que la position est entièrement à l’abri du risque. De nombreux exportateurs ont un ratio moins élevé, ce qui est tout à fait acceptable tant qu’ils sont en mesure d’essuyer les pertes de change qui pourraient en résulter.

Ensuite, elle choisit les instruments de couverture du risque de change. Les deux grands types d’instruments sont les contrats de change à terme et les options de change. Les contrats permettent d’acheter ou de vendre une quantité donnée de devises étrangères à une date ultérieure et à un taux donné, tandis que les options donnent le droit de le faire, mais sans obligation. Les banquiers et les courtiers de change sont à même d’expliquer les avantages propres à chacun. Grâce à la Garantie de facilité de change d’EDC, ces derniers pourraient ne pas exiger de nantissement pour ces instruments, ce qui permettra à l’entreprise de libérer son fonds de roulement.

Enfin, la compagnie cerne le moment de couvrir le risque. Une stratégie systématique signifie que les risques sont couverts aussitôt qu’ils se posent. Une stratégie progressive suppose que la transaction d’achat n’a lieu que lorsque le taux de change atteint un certain seuil (plus bas ou plus élevé), l’exportateur acceptant de courir un risque dans l’espoir de tirer parti d’une fluctuation favorable du taux de change. Encore ici, il doit pouvoir essuyer les pertes de change qui pourraient en résulter. Les deux stratégies peuvent être combinées.

Pour en savoir plus, consultez le guide Élaborer une politique de change à edc.ca.

Jean-François Lamoureux, conseiller principal, Services de recherche d’EDC, est souvent invité à prendre la parole sur les enjeux liés au change et les méthodes de couverture.

Catégories Exportation

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